Sous un soleil éclatant de fin avril, les routes poussiéreuses des communes de Kabarore, Busiga, Gihogazi et Bugenyuzi ont vu passer un cortège inhabituel. Des entrepreneurs locaux, bras chargés de fournitures scolaires, mais surtout d’histoires et de convictions, se rendaient dans les établissements de leur région. L’opération, menée les 24 et 25 avril 2024 avec l’appui de la Maison de l’Entrepreneuriat (MDE), allait bien au-delà d’un simple geste caritatif : il s’agissait de montrer que l’entreprise peut aussi être un levier social.
Dans chaque école visitée, la scène s’est répétée : distribution de stylos, de cahiers, mais aussi paroles franches et témoignages de vie. L’idée ? Mettre en avant un entrepreneuriat responsable, centré non seulement sur la création de richesses mais aussi sur l’investissement social.
« Fournir de l’emploi, c’est bien, mais ça ne suffit pas », résume Ndagijimana Rael, entrepreneure participante. « Nous avons voulu montrer qu’on peut aussi investir dans l’avenir de notre communauté, en soutenant l’éducation et en éveillant les élèves à l’esprit entrepreneurial. »
Des parcours qui parlent aux jeunes
Les élèves, d’abord attentifs puis de plus en plus captivés, ont découvert des parcours souvent semés d’embûches. « À la fin de nos études, le rêve du bureau s’est effondré. On a dû apprendre à se débrouiller, à créer. Aujourd’hui, ce sont nos efforts qui nous permettent d’offrir ces fournitures », confie Tukuru, entrepreneur à Bugenyuzi spécialisé dans la fabrication de savon.
Le message a fait son effet. Honnête Nduwimana, élève au Lycée Rubura, ne cache pas son enthousiasme : « J’ai décidé de lancer un petit projet de culture d’oignons après l’école. Le témoignage des entrepreneurs m’a ouvert les yeux. »
Un impact qui dépasse les salles de classe
Les responsables scolaires, eux aussi, saluent l’initiative. Pour Immelde Nkundwanabake, directrice de l’ECOFO Rubura, l’action arrive à un moment clé : « En période d’examens, ces fournitures sont précieuses. Mais au-delà du matériel, c’est le message transmis aux élèves qui compte le plus. »
Les enseignants y voient également un prolongement concret des programmes, notamment autour de l’éducation à l’entrepreneuriat et à la citoyenneté économique, des thèmes encore trop rarement illustrés par des exemples de terrain.
Une dynamique locale, financée par les bénéfices
L’initiative a ciblé les établissements de Rubura (Kabarore), Bugenyuzi, Gasenyi (Bugenyuzi) et Gihogazi. Chaque élève a reçu un stylo, les cinq meilleurs de chaque classe finaliste ont obtenu cinq cahiers, et les écoles elles-mêmes ont été dotées de fournitures complémentaires. Fait notable : tout a été financé par les bénéfices des entrepreneurs locaux, preuve que l’acte de donner peut aussi être une démarche issue de l’effort économique.
Résultat : une action simple en apparence, mais porteuse d’un double message. Pour les élèves, l’école n’est pas la fin du parcours mais un tremplin vers la création. Pour les entrepreneurs, l’entreprise n’est pas qu’une affaire de profits mais aussi un outil de solidarité et de transformation social
