Sur la route de Bugarama à Gitega, j’ai l’habitude de lever les yeux vers les collines. Elles sont couvertes d’arbres qui semblent veiller sur les villages. Mais cette fois, ce ne sont pas les eucalyptus ni les champs qui m’ont marqué. C’est ce que j’ai vu dans les regards et les gestes des femmes que j’ai rencontrées.
Stéphanie, relancer ce qui compte
À Rutegama, je rencontre Stéphanie, probablement soixante ans passés, mais une énergie qui en ferait vingt de moins. Elle est l’une des fondatrices de la coopérative Turamirize. Pendant un temps, tout allait bien… jusqu’à ce que l’activité de production de bouillie nutritive s’arrête.
Les raisons étaient simples : manque de moyens, découragement. Mais pour elle, c’était inacceptable. Elle a convaincu les autres de recommencer, pas seulement pour l’argent, mais parce que cette bouillie aidait à lutter contre la malnutrition. Aujourd’hui, la coopérative produit 500 kg par jour. Quand elle me parle, on sent que ce n’est pas juste une production : c’est une victoire.
Jeannine , remettre tout le monde autour de la table
Un peu plus loin a Giheta, je rencontre Jeannine Nziruhire. Quand elle a repris sa coopérative, elle était au bord de l’effondrement. Mauvaise gestion, dettes, membres absents… rien ne fonctionnait.
Petit à petit, elle a remis de l’ordre. Puis, elle a eu une idée simple mais forte : inviter les femmes à discuter de leur autonomie et du rôle des hommes dans le foyer. Les hommes sont venus aussi. Les échanges étaient francs, parfois vifs, mais nécessaires.
L’initiative a tellement marqué la communauté qu’un rendez-vous mensuel a été instauré pour continuer ces discussions. Aujourd’hui, les tensions dans les foyers ont diminué, et les décisions se prennent plus sereinement.
Ce que ces femmes m’ont appris
Ces deux rencontres m’ont confirmé une chose : dans les collines, la force de changement vient souvent des femmes. Elles gèrent les champs, oui. Mais elles savent aussi créer, diriger, réparer, unir.
Et chaque fois que je reprends cette route, je me dis qu’il y a sûrement, derrière chaque colline, une autre Stéphanie ou une autre Jeannine prête à écrire la suite de cette histoire.
NTACONZOBA Cyriaque
Bloggueur
