Le Burundi connaît désormais, avec certitude, sa population actuelle. Selon les données préliminaires du Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Élevage (RGPHAE), présentées ce mardi 16 juillet 2025 par le ministère des Finances, en collaboration avec l’UNFPA Burundi et d’autres partenaires, le pays compte 12 332 788 habitants. Une mise à jour majeure, autorisée officiellement par le décret présidentiel du 27 mars 2025.
Mais ce chiffre a rapidement attiré l’attention, car il s’écarte des projections qui circulaient ces dernières années, certaines estimant la population burundaise entre 13 et 14 millions. Une interrogation légitime dans un pays où l’enjeu démographique est étroitement lié aux politiques publiques.
Pourquoi un tel écart entre projections et réalité ?
Face à cette divergence, le Bureau Central du Recensement (BCR) a tenu à clarifier la situation. Son président, Nicolas Ndayishimiye, a souligné que les projections démographiques reposent sur des hypothèses statistiques liées à la fécondité, la mortalité ou encore aux flux migratoires. Or, ces indicateurs évoluent avec le temps, ce qui peut altérer la fiabilité des projections si les données ne sont pas actualisées régulièrement.
Il a rappelé que le taux de croissance de la population n’a pas été constant au fil des décennies : de 2,5% entre 1979 et 1990, il est passé à 2,4 % entre 1990 et 2008, avant d’atteindre 2,7 % entre 2008 et 2025. Ce type de variation peut sembler minime d’une période à l’autre, mais sur quinze ou vingt ans, il influence de manière significative les résultats attendus.
Autre facteur déterminant : l’écart de 16 ans entre le recensement de 2008 et celui de 2025. Selon les experts du BCR, une telle distance complique les projections de long terme. Pour plus de fiabilité, ils recommandent une actualisation sur une base de trois ans. En l’absence de données fraîches, les modèles s’appuient sur des tendances qui peuvent devenir obsolètes.
Une population jeune, rurale et féminine
Au-delà du chiffre global, les résultats révèlent une structure démographique marquée. D’abord, le Burundi reste un pays très jeune : plus de la moitié de la population (52,1 %) a moins de 18 ans, confirmant le poids des enfants et adolescents dans la dynamique sociale.
La répartition par sexe montre une légère majorité féminine, avec 52,4 % de femmes contre 47,6 % d’hommes. Sur le plan spatial, la ruralité domine toujours nettement, puisque 75,5 % des Burundais vivent en milieu rural, contre 24,5 % en zone urbaine. Ce déséquilibre rural urbain traduit encore la faiblesse de l’urbanisation et la concentration des populations dans des zones à vocation agricole.
En effet, l’agriculture reste le socle du mode de vie burundais : 85,7 % des ménages sont engagés dans des activités agricoles. Cela témoigne non seulement du poids du secteur dans l’économie domestique, mais aussi des limites actuelles de la diversification économique.
Enfin, en termes de densité, le pays affiche 489 habitants au kilomètre carré. Une pression démographique importante pour un territoire enclavé, avec une forte concentration humaine sur des terres agricoles.
Et maintenant ?
Les résultats du recensement 2025, bien qu’encore préliminaires, serviront de base pour la planification publique : santé, éducation, aménagement du territoire, emploi… Les autorités et partenaires techniques, notamment l’UNFPA, insistent sur l’importance d’exploiter ces données pour ajuster les politiques.
